Se réunissant depuis un an, la Commission « Grands évènements » du GES s’inquiète, au-delà même de la situation actuelle qui voit l’activité des entreprises de sécurité événementielle à l’arrêt, des possibilités et de conditions futures de la reprise de leur activité. Evénements sportifs, culturels, récréatifs, festifs, touristiques, événements d’entreprises, de collectivités territoriales, rassemblements de personnes : tout cela n’existe plus.
A ce jour, et depuis mars 2020, la sécurité événementielle a donc dû stopper toutes les prestations. Si un redémarrage de l’activité a pu avoir lieu à partir de juin, il s’est trouvé à nouveau stopper net à partir de la fin septembre. Ce phénomène de « stop and go » est destructeur pour les entreprises et agents de sécurité privée dans le secteur événementiel.
Une déperdition en effectifs est désormais à craindre : les agents de sécurité, notamment vacataires, sont en train de se détourner de cette activité, constatant sa trop grande fluctuation aux circonstances extérieures. Les agents baissent les bras, n’y croient plus et partent. Il sera alors nécessaire, le plus tôt possible, d’offrir des perspectives durables, sûres, de la reprise d’activité dans le secteur événementiel, au-rebours de l’effet de yo-yo. Il sera également nécessaire, sans doute, d’envisager de nouvelles pistes de recrutement et de modalités contractuelles de travail. Ce sont plusieurs années de reconstruction des effectifs, des viviers d’effectifs, qui sont devant les entreprises de sécurité événementielle.
Cette déperdition s’observe de même pour l’encadrement intermédiaire de proximité : les chefs d’équipe, les coordinateurs ne reviendront pas facilement dans la sécurité événementielle, et ont, pour certains, déjà fait le choix de travailler dans d’autres domaines. C’est ici le cœur de métier, les compétences de la sécurité privée événementielle qui sont touchées : un soutien à la formation pour ces personnels d’encadrement sera nécessaire, et plus globalement une réforme de l’ensemble de l’architecture de formation, incluant les spécificités de la sécurité événementielle, est désormais inéluctable.
« Pure players » et entreprises diversifiées. Si, à ce stade, les entreprises spécialisées dans la sécurité événementielle ont pu bénéficier d’un certain nombre d’aides publiques, et notamment le recours au chômage partiel avec un taux majoré, elles risquent malgré tout, avec une crise durable, d’arriver au bout de leur capacité de couverture des charges fixes.
Par ailleurs, un grand nombre d’entreprises ne bénéficient pas de ces aides, n’atteignant pas les 80 % de pertes de chiffre d’affaires permettant de bénéficier du taux majoré d’activité partielle : l’effet de seuil (pour celles perdant de 40-50-60 à 79 % de chiffre d’affaires) est ici dramatique pour ces entreprises et va induire, à bas bruit, une destruction du tissu entrepreneurial de proximité en sécurité événementielle. Une correction de cet effet de seuil d’éligibilité au taux majoré du chômage partiel est nécessaire car c’est toute la sécurisation future des petits évènements, des événements de proximité, qui font la vie sociale et festive, qui est en jeu pour une bonne reprise de l’activité.
Cette reprise sera sans doute plus complexe en province qu’en région parisienne, où les événements y sont plus nombreux, plus durables, s’enchaînent. Les entreprises en sécurité événementielle y sont moins spécialisées, donc moins soutenues par les aides actuelles, et se situant dans une activité de 50 % à 79 % dans le secteur événementiel, elles sont les premières à risquer la disparition. C’est ici un travail avec les Régions et les collectivités territoriales de province qu’il faut conduire, afin d’assurer une équité territoriale de la reprise d’activité dans ce secteur.
Enfin, une crainte majeure émerge : les difficultés du recrutement futur en sécurité événementielle seront contournées par des pratiques abusives, voire illicites, de recrutement d’agents sans carte professionnelle, sans formation. La fourniture à tout prix [sic] de prestations en sécurité événementielle verra aussi se développer une sous-traitance hors de contrôle, une sous-traitance qui ne sera plus seulement en cascade mais en avalanche : chacun préférera fermer alors les yeux, jusqu’à ce qu’une catastrophe survienne à l’occasion d’un grand événement. C’est donc maintenant que le secteur de la sécurité privée événementielle doit se prémunir contre ce risque, car après il sera trop tard.
En toute sécurité, le retour à une vie sociale festive et culturelle doit se préparer. En toute sécurité, les futurs grands événements organisés dans notre pays doivent s’anticiper. Maintenant.
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