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S’écartant des études portant exclusivement sur la sécurité privée, cette thèse a pour objet les modalités de commercialisation de la sécurité. Notre perspective s’étend donc aux activités de commercialisation des polices publiques qui participent pleinement à la marchandisation de la sécurité au même titre que l’industrie de la sécurité privée. En prenant comme assise théorique la proposition de la gouvernance nodale développée par Shearing et ses collègues, à laquelle nous avons associé la métaphore du capital empruntée à Bourdieu, nous faisons l’hypothèse que l’accroissement de la commercialisation de la sécurité (tant par le secteur privé que public) est en train de transformer la relation entre police et industrie de la sécurité privée. Ce changement va consister en une consolidation de la compétition entre les deux entités, au détriment des paradigmes de la complémentarité et du parallélisme, deux paradigmes jusqu’à aujourd’hui privilégiés par les chercheurs pour décrire la relation entre police et sécurité privée.
Écrite sous la forme de trois articles, notre thèse est rythmée par ces trois recherches aux objets et méthodes chaque fois différents. Dans un premier temps, nous nous sommes interrogés sur les rationalités des gestionnaires de la sécurité privée à l’aide de quarante-cinq entrevues semi-directives. Ensuite, nous avons effectué une analyse documentaire des consultations de l’Assemblée nationale du Québec entourant une nouvelle législation provinciale sur la sécurité privée, ce qui nous a permis, d’une part, d’identifier les principaux enjeux de l’industrie et, d’autre part, de saisir les volontés de l’État dans le domaine de la commercialisation de la sécurité. Enfin, nous nous· sommes intéressés aux commercialisations policières à l’aide d’une étude de cas du Département des affaires du Service de Police de la Ville de Montréal et d’une revue de littérature.
L’ensemble des données ainsi amassées a permis de démontrer que malgré des discours d’« apaisement », la compétition entre la police et la sécurité privée s’est accrue. Cette compétition est bien sûr économique (on se bat pour obtenir des contrats), mais elle se déroule aussi sur un plan plus symbolique où les enjeux de légitimation, essentiels, sont doubles: la sécurité privée cherche à combler un grave déficit en la matière, alors que la police tente de consolider sa centralité ébranlée dans le champ. Plus encore, l’apparition de la compétition comme paradigme dominant des relations police – sécurité privée a pour conséquence une redéfinition des deux groupes d’acteurs qui tend à brouiller leurs différences.
Le développement économique et démocratique des deux derniers siècles est étroitement lié à la consolidation du monopole de l’Etat sur la violence légitime. Si le secteur privé est longtemps confiné à la périphérie des problématiques de sécurité, le panorama a considérablement évolué au cours des deux dernières décennies. Beaucoup de pays industrialisés comptent maintenant plus d’agents de sécurité que de policiers par exemple. Il y a en 2008 en Irak plus d’employés de sociétés militaires privées que de soldats américains. Après une mutation vers l’étatisation, la généralisation de la démocratie, l’émergence de garde-fous internationaux comme l’ONU ou l’UE, combinées à la globalisation d’un modèle économique libéral, semblent faciliter un retour vers la privatisation de la sécurité et de la défense. A l’instar de ce qui s’est produit dans la période précédant la chute de l’Empire Romain, le recours croissant par l’Etat moderne à des forces de sécurité ou militaires privées est-t-il le prélude à sa disparition? Les Etats modernes sont-ils en train d’opérer un retour en arrière et les intérêts particuliers de l’emporter sur le bien général ? Dans un ordre économique global libéral, le régalien en France peut-il maintenir son emprise sur la sécurité et la défense, alors même que la monnaie, et peut-être bientôt la fiscalité, dépend de l’Europe ? A partir d’une approche historique et comparative, cette recherche est organisée autour de l’examen et l’ébauche de résolution de la question suivante : la sécurité et la défense sont-elles des activités comme les autres ou doivent-elles bénéficier d’un traitement particulier ?
Ce travail de recherche porte sur l’étude de la tension entre discours institutionnel sur la professionnalisation de la sécurité privée, et le processus d’exercice et d’apprentissage du métier par les agents de sécurité. Différents facteurs historiques et actuels indiquent les enjeux socio-économiques et politiques du projet institutionnel de professionnalisation et des dispositifs de formation.
Le chercheur met en évidence, à partir d’une approche qualitative et multidimensionnelle, les intentions institutionnelles de l’État et du marché qui construisent le projet institutionnel et contraignent les individus à apprendre face aux risques au fil de l’activité.
Le chercheur a constaté à partir de ses résultats qu’il existe un écart entre le discours affiché, la réalité de l’activité et les dispositifs de formation proposés. Sur le terrain, les agents de sécurité vivent mal leur entrée dans la profession et la réalisation de leur métier. En effet, en l’absence de formation et d’encadrement adaptés pour faire face aux situations de plus en plus variées, complexes et imprévues, les agents de sécurité apportent des réponses improvisées par un « bricolage » de l’activité. Pour remplir les objectifs du contrat et faire face aux événements non souhaités, ils construisent une norme informelle d’acceptation des risques, inductrice du processus d’apprentissage. Cette manière d’apprendre, improvisée à partir de la situation, est déclenchée par des indicateurs d’action matériels et ou/immatériels préalables à l’évaluation informelle du degré de perception et d’acceptation des risques selon les opérateurs et les équipes de travail. La démarche ainsi engagée pour rétablir la situation anormale de sécurité est alors perçue par l’opérateur comme la gestion d’une crise ou d’un problème à résoudre, qui selon les individus (ou les groupes), induit des dynamiques identitaires spécifiques. Dans ce contexte de développement professionnel décalé, contrarié et inorganisé, entre tensions de l’institution et réalités des situations professionnelles, face au danger, les agents de sécurité apprennent au fil de l’activité. L’évolution, rapide et presque radicale, des situations de travail et des attentes institutionnelles de professionnalisation pour faire face à une nouvelle société du risque, transforme les opérationnels et les interrogent dans un nouveau rapport à l’action. En effet, les réponses apportées à partir de nouvelles exigences sécuritaires intègrent la sécurité et la sûreté dans une approche globale de prévention et de gestion des risques sur les sites et les territoires (pour la plupart en présence du public). Un nouveau concept de coproduction de sécurité publique et privée apparaît et rapproche les opérateurs du marché des forces publiques de sécurité. Le discours institutionnel sur la professionnalisation et les dispositifs de formation proposés change alors d’aspect, mais la réalité opérationnelle reste décalée.
La création, en 2011-2012, du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS), nouvelle agence parapublique chargée de la régulation et du contrôle de la sécurité privée réglementée, a été perçue, tant par les professionnels du secteur que par les autorités publiques et même politiques (« révolution du secteur trente ans après la loi de 1983 »), comme une réforme fondamentale répondant aux évolutions de la sécurité privée.
Cette réforme, qui intervient 30 ans après la loi du 12 juillet 1983, fondatrice en matière de sécurité privée, n’en est-elle qu’un lointain avenant ? Elle nécessite de réinterroger, après les avoir d’abord construites, les deux termes de l’articulation entre l’Etat et la sécurité privée, à savoir la régulation de la sécurité privée et la coproduction public/privé de la sécurité, jusqu’à poser la question de l’existence d’une politique publique de la sécurité privée.
Associée à la création de la Délégation interministérielle à la sécurité privée (DISP) en 2010, devenue Délégation aux coopérations de sécurité en 2014, la question du sens et de la portée de ces évolutions administratives se pose : pourquoi et comment l’Etat en est-il arrivé à mettre en place une nouvelle régulation de la sécurité privée ? Comment qualifier et caractériser cette « régulation » ? Quelle est sa nature et quels sont les premiers résultats ?
« La Police sud-africaine protégée par des gardes privés », titrait Le Monde du 27 décembre 2004. Les compagnies de sécurité privées sud-africaines sont parvenues à étendre leur marché jusqu’à vendre de la protection à la Police nationale ! La gestion de la sécurité soumise à des logiques privées incarne la réalité actuelle du maintien de l’ordre en Afrique du Sud sous des formes particulières. Ainsi, en avril 2005, on compte environ 4 700 entreprises de sécurité dans le pays. Ces compagnies ont contribué à impulser le phénomène de la « privatisation de la sécurité » en Afrique du Sud selon une trajectoire insolite qui conduit aujourd’hui à une situation originale et inégalée (extrait de l’introduction).
« On commence à parler pour la première fois de production de la sécurité au XIXème siècle quand se créent des sociétés dont l’activité principale est la prévention du crime. La question se pose alors de la place que doit occuper la production privée de la sécurité. Peut-on considérer une coproduction entre l’Etat et les sociétés privées ? Ou y-a-t-il une concurrence entre la sphère publique et la sphère privée en matière de production de sécurité ? » (extrait de l’introduction).
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