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Interview de Luc Guilmin - Président du GES dans AEF info

« Le GES n’a pas de problème de légitimité pour porter la voix de la sécurité privée » (Luc Guilmin, nouveau président)

« Dans les moments de perturbation, c’est le rôle d’un leader de la profession de prendre ses responsabilités, de porter la voix du secteur de la sécurité privée, avec toutes ses entreprises, et de le défendre », déclare Luc Guilmin dans une interview à AEF info. Élu président du GES à la suite du départ de Frédéric Gauthey, le P-DG de Securitas France entend inscrire son action « dans la totale continuité » des objectifs poursuivis par l’organisation patronale de surveillance humaine depuis sa création en juin 2019. Il affirme que le syndicat « n’a pas de problème de légitimité », malgré les départs de Fiducial et Prosegur. « Le GES est reconnu comme un syndicat fort, qui plus est force de propositions sérieuses et travaillées. » Luc Guilmin évoque également ses priorités pour les prochains mois.

Avec l’aimable autorisation de reproduction d’AEF info

 

AEF info : Vous venez d’être élu président du GES dans un contexte particulier, puisque Frédéric Gauthey ne pouvait plus exercer cette fonction après avoir été démis de ses fonctions de directeur général de Prosegur France (lire sur AEF info). Pourquoi vous êtes-vous présenté pour prendre sa succession ?

Luc Guilmin : Il fallait donner une suite au travail entrepris par Frédéric Gauthey depuis un an et demi avec l’équipe et le conseil d’administration du GES (lire sur AEF info). Je suis moi aussi président d’une filiale d’un grand groupe, Securitas (lire sur AEF info), et je sais que ce qui lui est arrivé peut arriver à n’importe quel dirigeant de filiale de groupe international.

Il me semblait important qu’un responsable d’une grande entreprise puisse reprendre le flambeau pour la profession, qui se trouve à une période charnière. Dans les moments de perturbation, c’est le rôle d’un leader de la profession de prendre ses responsabilités, de porter la voix du secteur, avec toutes ses entreprises, et de le défendre.

 

AEF info : Comment appréhendez-vous la tâche qui vous a été confiée par le conseil d’administration ?

Luc Guilmin : J’étais déjà membre du conseil d’administration et du bureau du GES, en tant que trésorier adjoint, donc je connais les dossiers que je vais devoir gérer dans les semaines et les mois qui viennent. Les enjeux sont importants, il faudra que j’y consacre du temps. Il va falloir trouver la bonne combinaison entre la direction de Securitas en France et le pilotage du GES, mais je ne suis pas tout seul, notamment au syndicat, où il y a une équipe de permanents et un conseil d’administration très investis. Nous allons continuer à travailler sur nos dossiers, même si je regrette évidemment le départ de Frédéric Gauthey, qui a fait un travail formidable pour le GES.

 

AEF info : Vous dirigez la première entreprise de sécurité privée en France, ce qui peut faire peur à des entreprises de petite ou de moyenne taille. Que leur répondez-vous ?

Luc Guilmin : Je ne vois pas en quoi le fait d’avoir le leader de la profession à la tête du syndicat professionnel ferait peur. C’est déjà le cas dans beaucoup de branches d’activités. Je travaille chez Securitas depuis quatre ans (lire sur AEF info), et cela fait deux ans et demi que je suis à la tête de la filiale française. Ma façon de travailler avec le GES ne consiste pas à prendre des décisions qui seraient favorables uniquement aux grandes entreprises, l’ensemble du conseil d’administration pourra le confirmer. Nous cherchons toujours un consensus, et de toute façon les différences éventuelles entre entreprises sont, à bien y regarder, davantage sur leurs segments d’activité. Grandes, moyennes, petites… Peu importe la taille, toutes les entreprises ont leur place dans le secteur et le syndicat.

 

AEF info : Deux poids lourds du secteur, Fiducial et Prosegur, viennent également de quitter le GES (lire sur AEF info). Ne craignez-vous pas un affaiblissement de l’organisation, de son pouvoir d’influence ?

Luc Guilmin : Non, car elle a toujours de nombreux adhérents, dont de très grandes entreprises du secteur et des plus petites, patrimoniales ou pas, qui nous rejoignent. Grâce au travail entrepris depuis la création de l’organisation patronale, notamment dans les relations avec les autorités, le GES est reconnu comme un syndicat fort, qui plus est force de propositions sérieuses et travaillées. Nous avons aussi la plus forte représentativité au niveau de la branche (lire sur AEF info), donc l’organisation n’a pas de problème de légitimité pour porter la voix de la sécurité privée. Enfin, nous avons beaucoup de discussions avec les partenaires sociaux et avec les autres syndicats patronaux, en l’occurrence le Sesa pour la sûreté aéroportuaire (lire sur AEF info) et le GPMSE télésurveillance pour la sécurité électronique.

 

AEF info : Où en êtes-vous des adhésions ?

Luc Guilmin : Le GES compte environ 180 membres, soit autant qu’à sa création (lire sur AEF info). Des entreprises s’en vont, d’autres arrivent, c’est la vie de toute association professionnelle. Mais un de nos objectifs, dans les prochains mois, est de convaincre encore plus d’entreprises de sécurité privée de nous rejoindre. Je pense qu’il est important que tout le monde puisse s’investir dans l’évolution de notre profession. Frédéric Gauthey avait d’ailleurs indiqué dernièrement que nous pouvions désormais entrer dans une période de croissance, les fondements étant désormais stables. J’en suis moi-même persuadé.

 

AEF info : Quelles sont vos priorités dans les prochains mois ?

Luc Guilmin : Un premier enjeu est d’ordre social. Aujourd’hui, les salaires des agents flirtent avec le Smic et toutes les entreprises ont des difficultés de recrutement. Nous recherchons en permanence 10 000 à 20 000 personnes. Il faut impérativement revaloriser les métiers de la sécurité privée pour attirer de nouveaux candidats. Ce travail est en cours, nous avons lancé des négociations au niveau de la branche pour revoir les classifications de métiers, avec un accompagnement paritairement choisi. Il est essentiel à la fois de proposer des salaires plus élevés et de mettre en place des prestations à plus forte valeur ajoutée, car nos clients n’accepteront pas de payer davantage une prestation de même niveau.

 

AEF info : L’accord sur les salaires signé en 2019 prévoyait le positionnement du coefficient 120 au-dessus du Smic pour 2021 et une hausse de la masse salariale globale de 10 % en 2022 (lire sur AEF info). Est-ce toujours à l’ordre du jour ?

Luc Guilmin : La trajectoire fixée dans l’accord de 2019 est toujours d’actualité. Comme je l’ai évoqué, la revalorisation de nos métiers est une nécessité pour la branche. Cette vision est partagée par les acteurs du dialogue social de la branche et les travaux sont menés à un rythme élevé avec les partenaires sociaux. Les classifications, élément fondamental de cette stratégie de revalorisation, sont en cours de négociation dans la branche. Même s’il est possible, compte tenu du contexte que nous avons connu en 2020, que nous ne soyons pas exactement au rendez-vous du 1er janvier 2022, ma prise de fonction s’inscrit dans la totale continuité des objectifs poursuivis par le GES jusqu’à aujourd’hui et je serai, comme Frédéric Gauthey a pu l’être jusqu’à présent, très attentif à ce que ce projet se concrétise dans les délais les plus réalistes.

 

AEF info : Outre cet enjeu social, quelles sont vos autres priorités ?

Luc Guilmin : Un deuxième enjeu porte sur l’évolution de la réglementation de notre secteur. La proposition de loi relative à la sécurité globale doit être discutée au Sénat dans les prochains mois (lire sur AEF info). Plusieurs dispositions promettent de belles avancées pour la profession, mais certains points sont à améliorer : l’ajout d’une garantie financière, la limitation de la sous-traitance à un rang et pour une petite partie du marché, le maintien de la VAE dans la sécurité privée, ou encore le contrôle de moralité pour certains autres domaines (lire sur AEF info). Nous travaillons sur ces sujets avec le ministère de l’Intérieur et les sénateurs.

Le troisième enjeu, c’est l’alternance. Il faut que nous puissions attirer des jeunes dans nos entreprises. Nous nous inscrivons totalement dans la dynamique impulsée par le gouvernement. Mais les contraintes réglementaires qui s’imposent à la sécurité privée sont assez opposées avec la capacité à recruter des alternants (lire sur AEF info). Pour être agent de sécurité aujourd’hui, il faut avoir une carte professionnelle délivrée par le Cnaps, et pour cela, il faut pouvoir justifier de son aptitude professionnelle. C’est contradictoire avec le principe même de l’alternance entre des périodes de formation et des expériences de terrain au sein d’une entreprise. Il est donc nécessaire de mettre en place des dispositifs adaptés, par exemple une carte professionnelle alternant. Le potentiel alternant dans la branche est important. On pense pouvoir s’engager sur un plan de 20 000 alternants dans les quatre ans qui viennent.

Enfin, il y a l’enjeu de la Coupe du monde de rugby de 2023 et des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, qui vont nécessiter des effectifs de sécurité privée. Le secteur a un vrai rôle à jouer sur la sécurisation de ces évènements, en complément des forces de l’ordre. Il faut qu’on anticipe pour être prêts (lire sur AEF info).

Vous le voyez, je m’inscris complètement dans la continuité de ce qui a été lancé par mon prédécesseur. Je faisais partie de son équipe, donc les orientations ne changent pas, nous allons continuer sur les mêmes priorités qu’avant.

 

AEF info : Comment voyez-vous l’avenir de la sécurité privée ?

Luc Guilmin : Je suis optimiste. Nous avons un dialogue de plus en plus constructif avec les ministères et toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse du Cnaps, de la DLPAJ ou du DPSIS (lire sur AEF info). Si la profession se réunit pour aller dans le même sens, je n’ai pas de doute que l’on trouvera les bons dispositifs, une régulation réinventée, pour que les métiers de la sécurité privée soient plus attractifs, à plus forte valeur ajoutée, et reconnus comme maillon essentiel de la chaîne de sécurité en France. C’est en tout cas l’ambition du GES.

AEF info Sécurité Globale N 643544 rédigée par Marie Desrumaux Le GES n’a pas de problème de légitimité pour porter la voix de la sécurité privée Luc Guilmin, (nouveau président)