Les entreprises de sécurité, bousculées par la situation, s’adaptent pour apporter le maximum de garanties à leurs clients. Servan Lépine, administrateur du groupement d’entreprises de la sécurité privée (GES) et patron de l’entreprise Excelium, à Orvault, se confie.
Servan Lépine : « Les environnements vont évoluer avec la réduction de la présence humaine dans certains secteurs. Cela va fragiliser des zones, des quartiers. Nous craignons quelques tentatives de vol par effraction, même si en termes de vandalisme et de cambriolage on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Lors de certains phénomènes majeurs, on observe le déploiement de bandes organisées. On sait que les forces de l’ordre ne peuvent pas être présentes partout. Alors oui, on peut craindre des pillages ».
Qui est le plus concerné par ces risques ?
« Je raisonne plus pour les entreprises. Les particuliers, eux, sont moins associés, car les gens restent chez eux. Et il y a surtout des risques sur des zones rurales ou plus isolées. »
« La sécurité privée s’organise. Dès le week-end dernier, nous avions commencé à travailler sur la perspective de ce confinement. La première chose était d’affirmer la nécessité de pouvoir exercer nos missions dans cette période à durée déterminée et donc de pouvoir circuler. L’attestation individuelle est valable pour nous aussi, en plus de la justification de déplacement fournie par l’employeur et de la carte professionnelle que nous devons produire. Tout cela se met en place. »
« Oui, bien sûr, il y a une évolution très nette sur l’approche sécuritaire des bureaux, entrepôts, usines, immeubles… Compte tenu des mesures prises, beaucoup de ces lieux sont désaffectés. Presque tous les secteurs d’activité sont touchés, à part la grande distribution. Il faut s’assurer que la surveillance est maintenue pendant la fermeture de ces lieux. Il y a pour cela des dispositifs pratiques, mécaniques, technologiques à prendre. Il faut vérifier les process, s’assurer que l’ensemble de la chaîne de détection est bien programmé, que les accès au site sont bien disponibles pour les levées de doute… Tout ça, c’est du travail. Il y a aussi un besoin particulier de renforcer la sécurité par de la présence statique devant des sites sensibles, avec des rondes régulières. Il y a également la sécurisation des chantiers que nous devons assurer 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Nous nous appuyons beaucoup sur les outils à distance et les moyens technologiques. Nous changeons de modèle de fonctionnement. »
« Il y a eu beaucoup de demandes et d’inquiétude de leur part. Nous essayons de les rassurer. La sérénité revient progressivement et on reste vigilant sur l’évolution des choses dans les prochains jours. »
Et les agents de sécurité, comment vivent-ils la situation ?
« Globalement, les agents de sécurité ont véritablement conscience de leur rôle à jouer dans cette période. La facilité de déplacement qu’on leur a accordée est vécue comme une reconnaissance de la part des autorités sur leur action territoriale. Il y a un vrai engagement de la part de tous ces professionnels. »
« Les règles d’hygiène ont été passées au personnel. En tant qu’employeur, nous veillons à vérifier que ces consignes de sécurité sanitaire sont bien appliquées. La première consigne, elle est classique : ce sont les gestes barrières. Des moyens de nettoyage des mains sont mis à disposition des agents. La question s’est posée sur le port du masque. Il y avait des questionnements légitimes. On s’est plié aux recommandations nationales. On sait que les forces de l’ordre ne sont pas équipées. Tout le monde est parfaitement conscient de la pénurie de matériel et de la priorisation des masques pour les soignants. »
« Nous portons une attention toute particulière à l’hygiène de l’environnement de travail. Par exemple, quand un talkie-walkie est partagé entre plusieurs agents, il doit être désinfecté à la fin et la reprise du service. À notre centre de surveillance, nous avons mis en place des mesures de distanciation et le nettoyage systématique des postes de travail depuis trois semaines environ. On voit que les gens ont acquis les bons réflexes. »
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